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Confinements et censure: le Pr Bhattacharya nous livre un bilan magistral de la crise Covid

Interview. «Nos politiques anti-pandémie sont incompatibles avec la démocratie», affirme cet épidémiologiste de Stanford, qui a réuni des dizaines de milliers de scientifiques opposés aux mesures sanitaires. Leçons fortes pour un «plus jamais ça».

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«Cette censure fondée sur la peur n’est pas un outil de gestion d’une pandémie»

Par Amèle Debey, journaliste, L’Impertinent

 

Jay Bhattacharya est professeur à la faculté de médecine de l’université de Stanford. Médecin, épidémiologiste, économiste de la santé et expert en politique de santé publique, spécialisé dans les maladies infectieuses et les populations vulnérables. Ses positions anti-confinement lui ont valu d’être ostracisé par l’université de l’Ivy League qui l’emploie et blacklisté par Twitter. L’Impertinent est parvenu à obtenir un entretien privilégié avec ce scientifique de premier plan dont les sacrifices ont permis une expertise capitale pendant la crise Covid.

 

“J’ai payé très cher de m’être exprimé, mais si c’était à refaire, je le referais.” © DR

Amèle Debey: A quel moment vous êtes-vous rendu compte que quelque chose clochait dans cette crise?

Dr Jay Bhattacharya: C’était au tout début de la pandémie, vers janvier ou février 2020. Ayant écrit sur la grippe H1N1 en 2009, je me suis souvenu d’une littérature qui attestait que les premières estimations du nombre de morts dans cette pandémie étaient très exagérées. Il y a eu une série d’études effectuées pour mesurer la prévalence des anticorps dans la population. En 2009, pour chaque cas identifié, il y avait un millier de personnes munies d’anticorps. Ce qui suggérait qu’elles avaient guéri de leur infection.

Le taux de mortalité, initialement estimé à 4 ou 5%, était en fait de 0,01%. Donc 99,99% de chance de survivre à la grippe porcine.

Je me suis demandé si cela pouvait être le cas avec le Covid également. On n’en savait rien, car personne n’avait fait d’études pour mesurer les anticorps. C’est donc la première pensée qui m’a traversé l’esprit: que les estimations publiques n’étaient pas basées sur des données, mais sur des suppositions qui n’avaient pas été testées ni démontrées. Les mêmes erreurs qui ont été commises au début de la pandémie H1N1.

La pandémie est-elle terminée?

La décision de déclarer la fin d’une pandémie est politique et non purement épidémiologique. Certaines régions du monde n’ont pas encore pris cette décision politique.

Qu’est-ce qui vous pousse à continuer le combat désormais? Alors que vous pourriez faire autre chose.

J’aimerais bien! La réaction politique à la pandémie a causé d’énormes dommages aux enfants, aux pauvres, aux travailleurs du monde entier. La prise de décision par les plus hauts responsables politiques a tout simplement ignoré ces populations et a adopté des moyens qui, à mon avis, sont profondément contraires à l’éthique. La panique, la moralisation de la maladie, la création de politiques discriminatoires pour séparer les bons citoyens des parias.

«Les politiques de lutte contre les pandémies que nous avons suivies ne sont pas compatibles avec la démocratie»

Toutes ces politiques ont, je crois, fondamentalement violé l’éthique de la santé publique. Et l’idée même du confinement était malavisée dès le départ, selon moi. Je pense que nous devons revoir la façon dont nous gérons les pandémies à l’avenir. En tirer les bonnes leçons. Et c’est pourquoi je suis toujours impliqué. Je veux aider les gens à comprendre que les politiques de lutte contre les pandémies que nous avons suivies ne sont pas compatibles avec la démocratie libérale et que nous risquons à tout moment, en cas de nouvelle épidémie de maladie infectieuse respiratoire, de voir nos valeurs fondamentales mises à mal.

Je pense donc que la science est au cœur du sujet, mais qu’elle n’aurait pas dû être la seule à faire partie de cette conversation. D’autres valeurs, celles des droits de l’homme, de conduite éthique sont également importantes. Y compris pendant une pandémie, peut-être même surtout pendant une pandémie.

Je veux travailler au rétablissement de l’éthique de la santé publique sur une base plus solide et plus compatible avec la démocratie libérale.

Vous pensez que c’est possible? Vous y croyez?

Oui. Je pense que c’est possible. Selon moi, ce qui s’est passé est dû en grande partie à la peur et aux données erronées. Un très petit nombre de bureaucrates de la santé publique ont dominé la conversation, réduit les critiques au silence, ont fait croire à un consensus scientifique en faveur de leur vision de la gestion et du management.

Ce qui compte pour moi est de m’assurer que d’autres voix sont impliquées lorsqu’une pandémie arrive, qu’elles ne sont pas marginalisées. Que d’autres personnes que ce groupe étroit de bureaucrates participent également à la prise de décision. Cette censure fondée sur la peur n’est pas un outil de gestion d’une pandémie.

Je pense que si nous convainquons la population que la voix de chacun a sa place dans la conversation, alors nous gagnerons.

Pour revenir à Stanford. Vous y enseignez toujours?

Oui, tout à fait. Je viens d’ailleurs d’enseigner un cours d’économie de la santé au trimestre dernier. J’y enseigne depuis 22 ans. Mais ces trois dernières années ont été d’une ahurissante difficulté pour moi là-bas.

Pourquoi?

On peut considérer la liberté académique de deux façons. L’une est une vision très étroite, où les gens ne sont pas renvoyés pour avoir des opinions opposées à celles d’un responsable académique. En ce sens, Stanford a respecté les normes de la liberté académique, car je n’ai pas été licencié. Et c’est bien, je suppose.

«Stanford n’a pas réussi à protéger la liberté académique»

D’une manière plus générale cependant, je dirais que Stanford n’a pas réussi à protéger la liberté académique. Il y avait un certain nombre d’éminents professeurs à Stanford qui s’opposaient aux confinements, ou qui avaient des idées différentes de celles de l’orthodoxie régnante. Des gens comme John Ioannidis, le scientifique très célèbre qui s’est opposé au confinement. Michael Levitt, un prix Nobel, bien sûr Scott Atlas, et quelques autres.

Plutôt que d’accepter le fait que les professeurs n’étaient pas d’accord entre eux sur le bien-fondé des mesures et d’organiser des séminaires ou des conférences où tous les points de vue étaient respectés, Stanford a créé une atmosphère propice à la diabolisation des personnes qui s’opposaient à la politique dominante.

Cela a rendu ma vie très difficile. C’était un environnement professionnel très hostile. A un moment j’avais même peur de me rendre physiquement sur le campus.

A ce point?

Non, cela s’est amélioré. Mais en 2020 et 2021, c’était terrible. Il y a notamment eu une campagne d’affichage m’accusant de tuer des gens en Floride à cause de mon plaidoyer pour l’ouverture des écoles

Donc Stanford a cessé de se comporter comme une école

Ce qui aurait dû normalement se passer, de la part d’une institution académique vraiment attachée à la liberté académique, c’est l’accueil d’une discussion ouverte.

Je vais juste vous donner un exemple: normalement, les écoles de médecine accueillent chaque semaine quelque chose appelé Grand Rounds. C’est là qu’un membre présente ses recherches ou ses idées à toute la faculté de médecine. Chaque semaine, pendant toute la durée de la pandémie, il y a eu 150 conférences consacrées à la politique et à la médecine autour du Covid. Mais pas une seule fois John Ioannidis, Scott Atlas, Mike Levitt ou moi-même y avons été invités. Ni aucune autre personne opposée au confinement d’ailleurs.

«Il n’y a jamais eu de consensus scientifique en faveur du confinement»

Stanford a tout fait pour marginaliser nos opinions. Alors qu’en fait, je pense qu’elles représentaient un grand nombre de scientifiques dans la communauté en général, même en dehors de Stanford.

Statistiquement, ces opinions n’étaient donc pas marginales?

Le fait est qu’il n’y a jamais eu, selon moi, de consensus scientifique en faveur du confinement. Quand nous avons écrit la Déclaration de Great Barrington en octobre 2020, Martin Kulldorff de Harvard, Sunetra Gupta d’Oxford et moi, des dizaines de milliers de scientifiques l’ont signée presque immédiatement.

Beaucoup de ceux qui étaient opposés aux confinements ont tenu leur langue parce qu’ils avaient peur d’être soumis au genre de diffamation et de diabolisation que j’ai affronté, ainsi que d’autres que moi qui ont également parlé.

Je pense que des bureaucrates scientifiques très puissants comme Anthony Fauci abusent de leur position. Ils contrôlent le financement des scientifiques. Comme vous le savez, Tony Fauci est le chef de l’Institut national de contrôle et de financement des maladies. Il est assis sur 6 milliards de dollars. Francis Collins, le chef de l’Institut national de la santé (NIH), est assis sur 45 milliards de dollars d’argent qui va au travail des scientifiques. Mais pas seulement au travail de laboratoire. Également au statut social des scientifiques.

Par exemple, je suis un professeur titulaire à Stanford. Pour être titularisé, je devais obtenir une grosse subvention du NIH. Si vous n’obtenez pas ces subventions, vous n’avez pas de promotion, vous n’obtenez pas le statut social qui vous permet d’avoir accès à de bons étudiants, à davantage de ressources pour les équipements et ainsi de suite.

Lorsque Tony Fauci ou Francis Collins affirment que ceux qui s’opposent à eux disent des bêtises, sont dangereux ou contribuent à propager la menace du virus – même si c’est faux – le danger implicite est: si je parle, je risque de perdre mon gagne-pain. Ma capacité à faire de la science est menacée.

Mais lorsque des dizaines de milliers de personnes se lèvent comme un seul homme pour dire la même chose, pourquoi cette peur demeure-t-elle?

Certains scientifiques ayant signé la Déclaration de Great Barrington ont perdu leur emploi. Certains ont eu des cours retirés. D’autres ont été exclus des demandes de subventions de leurs collègues. C’était un acte de courage énorme pour les gens de signer. Et, vous savez, les scientifiques sont humains, ils ne veulent pas faire face à ce genre d’ostracisme. Beaucoup de ceux qui pensaient que le confinement était nuisible aux gens pauvres et aux enfants sont restés silencieux à cause de ça, je pense.

N’y avait-il pas également une certaine peur du virus? Et pas seulement des répercussions sur leur carrière?

On peut expliquer les actions de certains scientifiques et de certaines personnes par la peur, absolument. Parce que comme vous le dites, nous sommes tous humains et sujets à cela. La question est de savoir si les scientifiques agissent en tant que scientifiques dans leur capacité analytique. Laissent ou non cette peur influencer leur jugement. C’est leur travail, en tant que spécialistes de ces domaines, de surmonter cette peur et de dire ce qu’ils pensent que la bonne politique devrait être.

En mars 2020, cela a pu être de la peur. Mais dès octobre de la même année, je pense que c’était moins la peur et plus l’intimidation et la censure qui a conduit les scientifiques à rester silencieux.

Et vous? Pourquoi n’êtes-vous pas resté silencieux?

Je ne suis pas très intelligent.

Et si cette version ne convainc pas, quelle autre explication?

Si j’étais resté silencieux alors que je croyais honnêtement que nous suivions la mauvaise politique dans un domaine où j’ai de l’expertise, alors il n’y aurait pas de but à ma carrière. Je devais m’exprimer parce que je pense que beaucoup de personnes ont été lésées par cette politique. Elle était erronée. Et si les gens qui ont des diplômes et des connaissances restent silencieux face à cela… Je ne pouvais pas. Je n’aurais pas pu. J’aurais vu ma carrière comme un échec. J’ai payé très cher de m’être exprimé, mais si c’était à refaire, je le referais.

Parlons un peu de Twitter. Vous faites partie des voix qui ont été blacklistées avant l’arrivée d’Elon Musk aux commandes. Vous en étiez-vous rendu compte?

Quand j’ai rejoint Twitter en août 2021, j’ai très vite gagné beaucoup de followers. J’en avais presque 200’000. J’avais donc l’impression que certains de mes messages atteignaient de nombreuses personnes. Seulement, j’ai rejoint Twitter pour atteindre des gens qui n’étaient pas forcément d’accord avec moi. Mais il était très clair que je ne les atteignais pas.

Quand j’ai appris l’existence de la liste noire de Twitter, j’ai compris pourquoi: Twitter a imposé cette restriction sur mes tweets afin qu’ils n’apparaissent jamais dans la liste des tendances, qu’ils ne soient pas vus par les personnes qui ne me suivent pas directement. Et donc, en conséquence, cela a limité la portée de mon message.

Les gens ne sont donc pas confrontés à des opinions contradictoires. En ce sens, Stanford et Twitter ont tous deux échoué dans leur mission. Celle de permettre aux gens qui ne sont pas nécessairement d’accord d’apprendre les uns des autres. Cela marque un manque d’engagement envers la liberté d’expression. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles notre politique Covid a échoué à ce point.

Pourquoi vous a-t-on mis sur liste noire, à votre avis?

Je crois que c’est en partie sur ordre du gouvernement fédéral américain. Parce que je suis impliqué dans un procès intenté par les bureaux des procureurs généraux de Louisiane et du Missouri et la New Civil Liberties Alliance contre l’administration Biden.

Cette action en justice a permis de découvrir des dizaines de courriels et de preuves que de nombreuses agences de réglementation au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux étaient en contact avec de grandes entreprises technologiques, dont Twitter.

Ils leur disaient quoi censurer, dans de nombreux cas qui censurer, concernant le débat et la politique du Covid. Ils disaient à Twitter, par exemple, que telle ou telle opinion relève de la désinformation et qu’il faudrait la supprimer. Ils envoyaient des listes de mots que Twitter utilisait ensuite pour décider qui mettre sur liste noire, qui suivre, qui interdire.

Je pense donc que beaucoup d’actions des grandes entreprises technologiques ont été menées sur ordre du gouvernement.

Au début de la pandémie, c’est Donald Trump qui était aux commandes pourtant, non?

Je pense que cette censure a commencé sous le président Trump, puis s’est poursuivie et étendue sous Biden.

Vous êtes allé rencontrer Elon Musk dans les bureaux de Twitter. Quel effet vous a-t-il fait?

J’ai été très impressionné. Je n’ai passé qu’une heure ou deux avec lui, mais je voulais comprendre pourquoi il faisait ce qu’il faisait. Parce qu’il me semble que ses actions ont mis Twitter en danger sur le plan juridique. Avant qu’il ne rachète la société, elle menait des actions illégales et il les a exposées au monde entier.

Pour lui, rendre publics les #TwitterFiles est un acte de restauration de la liberté d’expression dans notre société

 

Son but est-il de détruire Twitter?

Je pense que c’est le contraire. Il a rendu sa raison d’être à Twitter. Au lieu de le détruire, il l’a fait revivre et en a fait un lieu où la liberté d’expression peut s’exercer, où les gens peuvent se parler.

Twitter est très important. C’est le seul endroit où des gens aux points de vue très différents peuvent se rencontrer sur la place publique. Je pense donc que Musk a en fait sauvé Twitter.

Je ne sais rien des finances de Twitter. Je ne suis pas intéressé par ça. Ce qui m’intéresse c’est l’aspect social de la chose. Et je crois que Musk a aidé à restaurer la parole libre mise à mal pendant la pandémie de Covid.

Ne pensez-vous pas que quiconque détenant un tel pouvoir est forcément dangereux?

Je ne pense pas que Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, voulait faire de la répression de la parole. Je pense qu’une pression énorme a été exercée sur lui et sur la Big Tech en général, Google, Facebook, etc. par les gouvernements qui voulaient annihiler les idées contradictoires pendant la pandémie.

Ils ont réussi à inciter les grandes entreprises technologiques à agir. Celles-ci ont un pouvoir énorme, mais je ne pense pas qu’elles soient naturellement enclines à utiliser ce pouvoir pour censurer des personnes ou des idées. Le problème est que, pendant la pandémie, elles ont agi comme des outils du gouvernement.

Avez-vous eu des soucis avec votre page Wikipédia?

Oh, oui. Je n’avais pas de page Wikipédia avant la pandémie, mais on jurerait qu’elle a été rédigée par mes détracteurs.

Je n’ai aucun contrôle là-dessus. Je ne vais pas passer mon temps à faire la police. Je ne peux pas contrôler ce que les gens disent de moi. Mais cette page est absolument unilatérale dans sa description de la Déclaration de Great Barrington.

De plus, la dernière fois que j’ai regardé, il y avait des erreurs fondamentales dans ma biographie. Elle était inexacte à bien des égards. Et, vous savez, j’ai eu une longue carrière. Cette page se concentre juste sur une partie. Il y a une bonne raison pour laquelle on dit aux étudiants de ne pas se fier à Wikipédia. J’en ai fait l’expérience.

Parlez-nous un peu de la Déclaration de Great Barrington. De quoi s’agit-il?

Pour ceux que ça intéresse, ils peuvent aller consulter le site internet. C’est un document très court, d’une seule page. Également disponible en français. Mais le site comporte également des liens vers des documents annexes qui expliquent la science sous-jacente.

L’idée de base est très simple: il y a une graduation importante du risque que l’infection par le Covid fait courir aux gens. Les personnes âgées sont mille fois plus susceptibles de mourir de l’infection que les jeunes. Et le risque global pour les jeunes est infime par rapport aux autres risques auxquels ils sont confrontés dans leur vie. Les confinements, en particulier, imposent un préjudice énorme aux enfants et aux personnes plus jeunes et en meilleure santé. Le confinement nuit à la population en général.

Ce que la Déclaration de Great Barrington demandait, c’était de se concentrer sur la protection des personnes âgées. Ainsi, lorsque les vaccins sont arrivés, j’étais un grand défenseur de la priorité accordée aux personnes âgées, les vacciner et les laisser vivre. Et puis, l’autre chose qu’elle demande, c’est de lever les fermetures, de réduire le nombre de restrictions sur la vie des plus jeunes, en particulier des enfants qui souffrent énormément, pas tant en Suisse qu’aux États-Unis, de la fermeture des écoles et de toute une série d’autres restrictions dans leur vie. C’est tout.

Ce qu’il faut comprendre de cette Déclaration, c’est qu’elle représente l’ancienne façon dont nous gérions les pandémies de virus respiratoires: identifier les groupes à haut risque, essayer de développer des vaccins et des thérapies aussi rapidement que possible, protéger ces groupes à haut risque, mais ne pas perturber la vie du reste de la population, car cette perturbation elle-même nuit à la santé et au bien-être.

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus s’est prononcé contre cette Déclaration. Qu’en pensez-vous? Estimez-vous que cette Organisation mondiale a encore un rapport avec la Santé?

Nous l’avons écrite en octobre 2020. À ce moment-là, un très grand nombre de très éminents bureaucrates de la santé publique, y compris Tedros, avaient préconisé le confinement. Ceux-ci avaient déjà causé d’énormes dégâts. Le Programme alimentaire mondial de l’ONU a estimé que 100 millions de personnes seraient confrontées à une malnutrition sévère en raison de la dislocation économique causée par ces premiers lockdowns. Des dizaines de millions de personnes à travers le monde ont été précipitées dans la pauvreté à cause de ces confinements.

Lorsque nous avons rédigé la Déclaration de Great Barrington, elle a constitué un défi direct aux politiques que Tedros et d’autres avaient proposées et qui ont conduit à ces résultats dramatiques sur le plan de la pauvreté. Ils étaient donc dans une situation difficile. Ils pouvaient soit reconnaître qu’ils avaient fait une énorme erreur en mars. Ou bien refuser de l’admettre et salir les opposants. Ils ont choisi la seconde option. Salir et censurer les gens qui n’étaient pas d’accord avec eux.

«Les confinements ont persisté longtemps après l’arrivée des vaccins»

L’autre aspect de la question, selon moi, est qu’en octobre 2020, beaucoup de personnes dans le domaine de la santé publique attendaient avec impatience le développement des vaccins qui sortiraient en décembre 2020. Il n’y avait aucune certitude qu’ils allaient fonctionner. Les essais randomisés étaient encore en cours à ce moment-là. Mais ces gens étaient très optimistes quant au développement de ces vaccins. Ils ont donc pensé qu’ils pourraient peut-être utiliser les confinements pour arriver aux vaccins. Et qu’une fois les vaccins disponibles, les mesures de confinement pourraient être levées.

Mais en fait, c’était une illusion. Les confinements ont persisté longtemps après l’arrivée des vaccins. Tout comme les restrictions sur la vie des gens. La vaccination aurait dû être un moyen de sortir de l’enfermement, c’est ce que j’avais d’ailleurs écrit dans un article du Wall Street Journal en décembre 2020. Mais au lieu de cela, ils ont été utilisés pour mettre en place des moyens dévastateurs pour la société, avec des passeports vaccinaux et des obligations de vaccination, puis de la discrimination contre les personnes non vaccinées.

L’OMS et d’autres organisations ont été très lentes à reconnaître que le vaccin n’arrête pas la propagation de la maladie. Le vaccin peut être utilisé pour une protection ciblée, comme nous l’avons demandé dans la Déclaration de Great Barrington, mais il ne peut pas être utilisé pour éradiquer la maladie.

Que pensez-vous de ces vaccins d’ailleurs. Sont-ils sûrs et efficaces?

Pour moi, ce n’est pas une question de sécurité ou de danger. La question est, comme pour n’importe quel médicament, le risque par rapport aux bénéfices. Vous comparez toujours les deux pour chaque patient et vous ne recommandez que si les bénéfices sont plus importants que les effets secondaires potentiels.

Je pense donc que, pour les personnes âgées, les vaccins, même s’ils n’ont été testés que pendant quelques mois dans les essais randomisés, ont clairement protégé contre les maladies graves. Il y a donc eu un bénéfice très important pour les personnes âgées qui avaient un taux de risque élevé de décès lié à l’infection par le Covid. Pour les personnes plus jeunes, les avantages sont moindres parce que les taux de mortalité dus au COVID sont beaucoup plus bas. Donc, presque tous les effets secondaires signifient que vous ne devriez probablement pas le recommander. Certaines personnes jeunes peuvent avoir des maladies chroniques qui augmentent le bénéfice. Il aurait donc fallu dire aux patients d’aller parler à leur médecin et de décider si cela leur convient. Au cas par cas. Il n’aurait jamais dû être question d’une pression sociale exercée sur les jeunes pour les inciter à se faire vacciner. C’était une erreur. Parce que les vaccins n’arrêtent pas la transmission. Vacciné ou non, vous pouvez attraper et transmettre la maladie.

Désormais, vous faites partie d’un grand jury créé par Ron DeSantis, le gouverneur de Floride et principal concurrent à Donald Trump chez les Républicains, c’est ça?

Non, je ne fais pas partie de ce jury. Il y a trois choses que Ron DeSantis a annoncées en décembre concernant le Covid. La première était la création du Comité d’intégrité de la santé publique. C’est de ça dont je fais partie. L’idée est que lorsque le CDC (Center for Disease Control and Prevention) fait une annonce ou publie une étude basée sur une science erronée, d’éminents scientifiques procèdent à un examen par les pairs. C’est un comité d’intégrité publique. Il s’agit essentiellement d’un deuxième avis sur le CDC.

La deuxième chose est effectivement ce grand jury sur la sécurité des vaccins qui est une procédure légale, dans laquelle je ne suis pas impliqué. L’idée est, si j’ai bien compris, d’examiner si les fabricants ou les développeurs de vaccins ont donné ou non au public des informations adéquates sur les effets secondaires ou s’ils ont exagéré les avantages.

La troisième chose est d’autopsier les personnes qui meurent après avoir été vaccinées. Je ne suis pas impliqué là-dedans, mais c’est le département de la santé publique de Floride qui s’en chargera.

Je pense que les trois démarches sont utiles. L’idée n’est pas de diaboliser les fabricants de vaccins. C’est plutôt, je pense, d’essayer de développer une meilleure compréhension de ce que ces vaccins font ou ne font pas, et ensuite de mieux les étudier afin que nous puissions développer de meilleurs vaccins.

Avez-vous vu un problème avec le fait de travailler avec DeSantis, qui fait partie de la droite dure et qui mène une politique impitoyable sur les migrants, par exemple?

Je pense qu’en tant que scientifiques de la santé publique, nous avons l’obligation de parler à n’importe qui, quelle que soit sa politique. Donc je n’ai aucun problème à travailler avec le gouverneur DeSantis. Et j’ai trouvé qu’il était beaucoup plus ouvert d’esprit et qu’il connaissait mieux la littérature épidémiologique que beaucoup d’autres politiciens avec lesquels j’ai eu des contacts, tant à droite qu’à gauche.

En réalité, j’ai été très impressionné par son intelligence et son engagement en faveur des pauvres, des enfants, et des personnes vulnérables. C’est ce qui a motivé sa décision de rouvrir les écoles. Il voulait s’assurer que les enfants de Floride aient une bonne éducation.

Je vis en Californie, mes enfants ont été exclus de l’école pendant presque un an et demi. Ils ont donc souffert de cette situation, et beaucoup de familles pauvres ont vu leur quotidien empirer parce qu’elles ne pouvaient pas remplacer l’école. Je ne me soucie pas tellement de l’étiquette politique. C’est l’action qui m’importe. Et si un gouverneur d’extrême gauche m’avait approché, je lui aurais donné les mêmes conseils.

Pas besoin d’être d’accord sur tout pour travailler ensemble, c’est ça ?

Tout à fait. Et puis vous savez, j’ai des opinions politiques, mais la plupart du temps je les garde pour moi parce qu’elles ne sont pas très intéressantes. Je me cantonne à mon domaine d’expertise qui est la santé publique. Je pense que les gens la comprennent mal.

L’obligation en santé publique est d’atteindre 95%, 98%, 100% des gens. Si vous atteignez 50% plus un en santé publique, vous êtes très mauvais. Vous ne faites pas bien votre travail. Ce n’est pas comme la politique. Vous devez atteindre tout le monde.

Pour terminer, que pensez-vous du traitement médiatique de cette crise aux Etats-Unis?

Je pense que certains journalistes très courageux ont pris la parole et ont traité la Déclaration de Great Barrington ainsi que mon point de vue de manière équitable. Mais tant de journalistes se sont laissés dicter leur conduite par Tony Fauci et les bureaucrates du gouvernement. Utilisant leur plate-forme pour annihiler le débat ou diaboliser quiconque s’opposait aux confinements.

«Une grande partie des médias a aidé et encouragé une campagne de propagande»

Le New York Times et le Washington Post sont deux journaux qui n’ont jamais traité équitablement l’opposition aux confinements. Ils l’ont toujours considérée sous un angle politique plutôt que sous l’angle de la santé publique, et n’ont pas rendu compte de manière équitable de l’opposition exprimée par de très nombreux scientifiques.

Lorsque nous avons rédigé la Déclaration, j’ai reçu des appels du New York Times et du Washington Post qui écrivaient que je voulais laisser le virus se répandre. C’était un mensonge. Je voulais protéger les personnes âgées vulnérables du virus. Je pense qu’une grande partie des médias américains a aidé et encouragé une campagne de propagande instrumentalisée par des acteurs gouvernementaux favorables au confinement.

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