Suisse: complicité mise à nu entre le groupe de presse Ringier et la politique Covid des autorités

A ce jour, les médias grand public ne se posaient pas de question quant aux directives vaccinales imposées par l'Etat. La roue est-elle en train de tourner? se demande le journaliste Christian Campiche, coauteur du livre "info popcorn - Enquête sur les médias suisses".

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PAR CHRISTIAN CAMPICHE
ARTICLE PARU INITIALEMENT SUR LE SITE INFOMEDUSE

«Le Blick numérique persiste à placer dans le même panier d’opprobre les «coronasceptiques» et les anti-passe, alors que ces deux entités humaines ne s’identifient pas forcément sous la forme d’un copier-coller», écrivions-nous dans ces mêmes colonnes le 21 octobre 2021. Nous poursuivions: «Le journal est aussi aux premières loges quand il s’agit de stigmatiser sans recul la population réfractaire au vaccin. Les récalcitrants ne sont que des inconscients irresponsables contre lesquels il faut utiliser le «gourdin» (sic). Le fer de lance du groupe Ringier n’oublie jamais que son PDG et le ministre de la Santé Berset sont les meilleurs amis du monde et ne perdent pas une occasion de fraterniser en discréditant les contestataires avec des pièges à deux sous».

Jusqu’ici, ce genre d’opinion n’avait pas droit de cité dans les médias, infoméduse faisait cavalier seul. La roue est-elle en train de tourner? Dans son édition du 31 décembre 2021, le « Nebelspalter » semble tomber de haut. «Le PDG de Ringier Marc Walder a contraint toutes les rédactions des médias Ringier à travers le monde à suivre le discours gouvernemental», titre cet important satirique alémanique. Et de démonter le petit jeu de copinage entre le grand groupe de presse et l’Etat au sujet du Covid: «comme le montre une vidéo secrète, les médias Ringier, et surtout le groupe Blick, sont le porte-voix de l’État en matière de politique corona officielle».

C’est le 3 février 2021, dans le cadre d’un «Inspirational Talk» organisé par la Swiss Management Society que Mark Walder a tenu ses propos liberticides. S’empressant d’ajouter, comme s’il avait réalisé tout à coup qu’il avait été trop loin: «gardez tout ceci pour vous!». Manifestement, il n’a pas été entendu. En profanant le voeu pieux, Philipp Gut, le journaliste du «Nebelspalter», fait d’abord son mea culpa. Au départ sa position était parfaitement gouvernementale, en rien il ne remettait en question la ligne vaccinale. Aujourd’hui, sa vision est diamétralement opposée. Gut affiche son indignation: «En tant que journaliste, mais aussi en tant que citoyen d’un État démocratique avec son public médiatique critique, j’ai froid dans le dos en entendant ces phrases. Une telle complicité sans vergogne entre le pouvoir étatique et médiatique n’est connue que dans les régimes autoritaires, pour le dire avec prudence. Nous sommes stupéfaits de constater que le groupe médiatique traditionnel Ringier se défait de son autorité indépendante et critique et qu’au lieu du journalisme, il pratique des relations publiques avouées pour le gouvernement, surtout pour le conseiller fédéral socialiste Berset, qui a acquis depuis longtemps le statut d’un ami de la maison Ringier».

Le PDG de Ringier a juste un mérite: il a dit tout haut ce que beaucoup de ses homologues ont tenu caché. Passons sur le service public dont la vocation est de d’amplifier la voix de son maître. Par contre comment expliquer l’absence de limites dont a pu bénéficier le rouleau compresseur doctrinal dans la presse écrite où il n’est pas de jour sans que l’on pointe un doigt accusateur sur les non-vaccinés? Un constat qui vaut pour l’ensemble des médias occidentaux, soit dit en passant. Ne donner qu’un seul son de cloche est malhonnête. La dérive est patente en Italie où les journaux à grand tirage publient tous les jours à la une des cas de personnes «coupables» d’être mortes du Covid parce qu’elles ont refusé l’injection. Il ne viendrait jamais à l’idée de ces titres de mettre en exergue l’exemple contraire, à savoir les citoyens gravement malades en dépit d’avoir été vaccinés. Ils ne sont pas rares pourtant dans la péninsule où, pour ne citer que des prélats exquis, plus de dix cardinaux ou évêques ont suivi un peu trop à la lettre la parole du pape. Pour François, la vaccination, obligatoire au Vatican, ne représente rien moins qu’«un acte d’amour».

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