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Climat : Bill Gates baisse le ton

Le multimilliardaire tient des propos confus et embarrassés.

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Bill Gates, qui a passé la dernière décennie à alerter le public sur les dangers de la surpopulation mondiale et de ses conséquences sur le climat, a fait volte-face lors d’une conférence récente à New York. Fervent défenseur de l’agenda  “zéro émission carbone d’ici à 2050”, le multimilliardaire modère à présent son discours alarmiste, alors que les politiques liées au climat peinent à emporter l’adhésion du public. C’est lors d’une interview enregistrée fin septembre sous le titre ‘Sommes-nous des scientifiques ou sommes-nous des idiots ?‘ qu’il a surpris son auditoire en déclarant :

Aucun pays des régions tempérées ne deviendra inhabitable. 

La planète, un ‘truc résilient’

Le journaliste du New York Times David Gelles avait démarré son entretien en rappelant les prédictions apocalyptiques du secrétaire général de l’ONU Antonio Guttierez, selon qui “la terre va devenir inhabitable “ et du directeur du magazine Forbes qui avait déclaré le matin même que “l’urgence climatique pourrait tuer tous les humains sur la terre”, avant d’interroger Gates sur la raison de son revirement. Manifestement ennuyé, le milliardaire s’est tordu les mains, en bredouillant quelques bribes d’explications : “Je suis le plus grand financeur des politiques climatiques, donc je suis fortement engagé dans ces questions… Dans le climat on essaye d’utiliser la science et les chiffres et on tente de voir quels sont les différents effets. Vous savez, il y a des effets sur l’humanité, mais moins sur la planète. En fait la planète, c’est un… ‘truc’ résilient”.

Confus

Gelles a ensuite évoqué certaines conséquences négatives des mesures liées au climat. À la question de savoir si l’on peut résoudre un nombre de problèmes climatiques de manière rapide, sans continuer d’impacter la santé et le niveau de vie de la population, Bill Gates a de nouveau eu l’air embarrassé. Il a évité de répondre directement, affirmant être très engagé sur le climat, mais aussi sur d’autres moyens d’améliorer les conditions de vie de la population, par exemple les vaccins contre la polio ou la rougeole… et puis, il a ajouté cette phrase surprenante :

Honnêtement, on se préoccupe toujours des enfants qui meurent… En tous cas, nous…

Lorsque le journaliste est revenu sur la question des prédictions catastrophiques, Gates a surpris l’auditoire en déclarant “qu’aucun pays des régions tempérées ne serait inhabitable”, et a de nouveau tenu des propos confus :

Les gens du climat doivent décider s’ils sont les vrais scientifiques… ou si, ou si… vous savez… il faut vraiment baser ses arguments sur ce que l’on sait, par exemple sur le réel risque pour la planète.

Ce qui donne à penser que les annonces des autres acteurs sont bien trop alarmistes.

Cette position plus réaliste contraste en tout cas fortement avec les propos qu’il tenait il y a deux ans à peine, lors de la parution de son livre “Climat : comment éviter le désastre“.

Bill Gates : ben la planète, c’est…un truc résilient

Contradictions

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il semble difficile de trouver de la cohérence dans ses propos. Pour Gates “même si les pays riches parvenaient à atteindre l’objectif de zéro émission carbone, l’effet n’en serait que très très minime”, parce 60% des émissions proviennent des pays à revenus moyens. Mais ceci ne l’empêche pas de prétendre que toutes ces politiques sont absolument nécessaires et qu’il faut à tout prix investir plus d’argent pour acheter plus de produits verts et révolutionner toute l’industrie mondiale.

Gates explique ainsi l’ampleur des efforts actuels en termes de politiques globales, d’innovations technologiques, de partenariats publics-privés, de nouveaux modèles de gouvernance et d’accélération des mesures. Finalement:

Il n’y a pas d’excuse pour ne pas vouloir atteindre un objectif zéro émission complet.

Baisse de popularité

Selon le milliardaire :

Si vous essayez d’imposer des mesures climatiques par la force, les gens sont susceptibles de mal le prendre. Par exemple en France, lorsque l’on a augmenté le prix de l’essence, les gens se sont rebellés et ont estimé que c’était aux riches de payer (sic!). Si l’on impose les mesures climatiques de manière brutale, les gens vous diront qu’ils aiment le climat, mais qu’ils ne veulent pas en supporter le coût et diminuer leur train de vie. Moi je pense qu’il faut quand même investir notre argent dans le climat et imposer des taxes carbones pour favoriser les innovations technologiques.

L’augmentation des prix du gaz et du pétrole semblent être pour lui d’une importance capitale, ce qui ne l’empêche pas de se déplacer toute l’année en jet privé.

Face aux critiques qui lui reprochent justement d’être l’un des gros consommateurs de carbone de la planète, Gates répond qu’il est aussi le plus gros client de la société Climate Works, active dans la capture et la séquestration de carbone, pour un montant équivalent au coût de ses propres émissions, estimé à 10 millions de dollars par an. Gates explique qu’il investit dans différentes méthodes, à l’exception de la plantation d’arbres. Lorsque le journaliste lui répond que certaines personnes pensent justement que la plantation d’arbres pourrait résoudre le problème, le milliardaire s’emporte en disant que c’est du grand n’importe quoi.

Sommes-nous des scientifiques ou sommes-nous des idiots?

La question des arbres est l’objet d’une importante controverse, d’autant que le milliardaire est accusé de financer la société Kodama qui propose d’abattre et d’enterrer des millions d’arbres pour diminuer le carbone et sauver la planète.

L’exemple éclairant de l’Allemagne

Par ailleurs, tant les classes défavorisées que les travailleurs sont particulièrement touchés par les politiques de lutte contre le changement climatique ou ‘Green New Deal’ imposées par la Maison Blanche. Aux États-Unis, les combustibles fossiles représentent encore environ 80 % de la production et de la consommation, de sorte que les tentatives du régime Biden de fermer les pipelines et les forages n’ont fait que nuire à la majorité de la population qui dépend du coût de l’énergie pour sa survie.

Actuellement, les populations semblent se détourner des nouveaux accords verts et des programmes “ESG” (environnement, social et gouvernance) qui ont infiltré les entreprises et les gouvernements du monde entier. En Europe aussi, ces politiques énergétiques, ainsi que les sanctions prises contre l’Ukraine, ont ralenti la croissance économique, augmenté les coûts de l’énergie et vidé les caisses des États.

L’exemple de l’Allemagne est éclairant : après une montée en force des partis écolos ces dernières années suite aux mobilisations centrées sur le climat, la crise énergétique et ses conséquences sur le secteur industriel ont fait chuter les scores de la coalition gouvernementale d’Olaf Scholz, lors des élections qui se sont tenues il y a deux jours.

L’urgence climatique n’a plus tellement la côte et du côté de Bill Gates ‘on s’adapte’.