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Crise Covid : état de santé dégradé pour 13% de la population

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Les résultats de l’Enquête de santé 2022 réalisée par les autorités suisses révèlent des chiffres inquiétants sur l’impact encore présent de la crise sur l’état de santé de la population, notamment la détresse psychologique chez les jeunes.

Une enquête régulière

Tous les cinq ans en Suisse depuis 1992, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) mandate l’Office fédéral de la statistique (OFS) pour réaliser un rapport sur l’évolution de l’état de santé de la population suisse. L’exercice précédent avait eu lieu pour l’année 2017.

Les résultats de cette “Enquête de santé 2022”, menée sur un échantillon de 21’930 personnes répondant à un questionnaire, ont été présentés publiquement lors d’une conférence de presse assortie d’un communiqué le 3 novembre dernier (disponibles en fin d’article).

On peut y lire que “plus d’un tiers de la population du pays souffre d’un problème de santé de longue durée” et que “13% des personnes considèrent que leur état de santé s’est dégradé avec la pandémie de coronavirus”. Les données révèlent une aggravation de la détresse psychologique, tout particulièrement chez les jeunes (22%), les femmes étant plus touchées.

Un tableau qui met le feu aux poudres

Une première version des données concernant les maladies graves montrait une augmentation massive du nombre d’infarctus du myocarde (4,8 fois plus), de cancers (3,76) et d’attaques cérébrales (4,25) entre 2017 et 2022 :

 

“À quoi sont dues ces augmentations inhabituelles et inexpliquées par l’OFS et l’OFSP lors de la conférence de presse ?” se sont exclamés de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, qui y voyaient une preuve de plus des dégâts vaccinaux et de la volonté des autorités de ne pas en parler.

Voici la raison du problème

Quelques jours plus tard, l’OFS mettait à jour le tableau correspondant en enlevant tout simplement les valeurs pour 2017 et laissant le visiteur avec un message laconique :

Le tableau a été adapté. Les résultats de l’année 2017 ont été enlevés car ils ne sont pas comparables.

Contacté par notre rédaction pour en savoir plus, le responsable de l’étude à l’OFS depuis une vingtaine d’années, Renaud Lieberherr, explique cette adaptation par “la différence de mesure pour ces trois maladies entre les deux enquêtes. Celle de 2017 s’attachait à la prévalence annuelle alors que celle de 2022 s’attache à la prévalence vie“. Le collaborateur scientifique poursuit :

L’analyse des données de 2017 a montré que les prévalences annuelles pour ces trois maladies sont très basses. Comme l’Enquête suisse sur la santé (ESS) est une enquête par sondage et non une enquête exhaustive, nous avons besoin d’un certain nombre de réponses pour pouvoir procéder ensuite à des exploitations et analyses. En règle générale, nous renonçons aux questions de l’ESS qui fournissent une prévalence inférieure à 5%. Mais pour ne pas perdre complètement les informations, nous avons décidé de changer les questions pour la prévalence vie.

Une erreur de copier-coller

Voilà qui est clarifié.

La question méritait d’être posée car en y regardant de plus près, la première version des données publiée le 3 novembre dernier contenait la même question pour les deux années et les internautes étaient en droit de penser que l’augmentation massive des troubles était une réalité, vu que, dans ce document de 2023, la question avait été en apparence la même en 2022 qu’en 2017 :

Mais ce n’est qu’en apparence : vérification faite dans le fichier original de l’étude de santé 2017, publié en 2019, la question avait pourtant été posée par rapport aux douze derniers mois :

Il y a donc bel et bien eu une erreur de copier-coller dans la version de 2023.

Ce genre de sondage n’est pas adapté pour les prévalences

Renaud Lieberherr précise que “l’ESS (Enquête suisse sur la santé) n’a pas été conçue pour servir de base à la présentation des prévalences du cancer ou de l’infarctus du myocarde. Il existe d’autres statistiques pour cela, comme les registres du cancer ou les statistiques médicales des hôpitaux”. L’OFS va d’ailleurs publier le 16 novembre prochain les dernières statistiques hospitalières.

Ceci est illustré par le fait que seuls 6.4% des sondés de l’ESS (survivants) ont répondu avoir eu à gérer un cancer durant leur existence, alors que les statistiques les plus récentes pour la Suisse (2018), basées sur les données hospitalières (morts et survivants), désignent le cancer comme cause principale de décès dans 25% des cas. La différence entre 6,4 et 25 % démontre à quel point ce type de sondage n’est pas adapté pour mesurer l’occurence de pathologies mortelles.

L’expert ajoute par contre que “l’ESS est particulièrement intéressante pour étudier des corrélations, comme par exemple entre le bien-être d’une personne et la présence d’une maladie”.

Ce que cette enquête nous apprend encore

Le rapport mentionne encore quelques données intéressantes concernant l’évolution des comportements alimentaires : le pourcentage de personnes affirmant suivre les recommandations concernant la consommation de fruits et légumes est tombé de 21% en 2017 à 16% en 2022. Les femmes s’en préoccupent apparemment plus (20%) que les hommes (11%).

Par rapport à 1992, la consommation quotidienne de viande a chuté de moitié (de 25% à 12%). Trois fois plus de personnes n’en mangent jamais (de 2% à 6%).

Le nombre de personnes en surpoids est stable depuis 2012 parmi la population âgée de 15 ans et plus (31%). Les obèses sont en légère augmentation par rapport à 2012 (de 10 à 12%).

Aller plus loin

  • Communiqué de presse de l’OFS du 3 novembre 2023
  • Conférence de presse pour la sortie de l’enquête de santé, en allemand avec sous-titres en français générés automatiquement, disponibles en les activant. Puis dans l’engrenage (paramètres), choisir de traduire automatiquement en français (diapositives).