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Pédocriminalité: les experts de l’ONU exhortent la France à agir

Un message fort et explicite. La parole de l'enfant est primordiale. Elle doit être recherchée et respectée.

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C’est exprimé poliment, mais on sent le ton de l’urgence et de l’indignation dans le communiqué de presse qui a été publié le 19 janvier par des experts de l’ONU sur leur site officiel. Le titre est fort et explicite:

Les experts de l’ONU exhortent la France à protéger les enfants contre l’inceste et toutes les formes d’abus sexuels.

Des mots forts envers la France

L’injonction du groupe d’experts qui s’est penché sur les violations aux droits fondamentaux ayant cours en France est très claire:

La France doit agir de toute urgence pour protéger les enfants des abus sexuels au sein de la famille et s’attaquer aux traitements discriminatoires et aux violences subies par les mères qui tentent de protéger leurs enfants de la prédation sexuelle.

Traduit en langage commun, il s’agit de dénoncer le fait que le système institutionnel français harcèle les victimes et favorise les prédateurs. À l’heure où cette question commence à forcer la parole de certains médias de l’hexagone, le communiqué de l’ONU sur cette question est important, car il relaye le constat de cette inquiétante situation à l’échelle internationale.

À l’origine de ces déclarations, il y d’abord l’interpellation d’une rapporteuse spéciale de l’ONU adressée  à l’Ambassadeur de France, à propos de plusieurs scandales liés au traitement des violences sexuelles par la justice. Plusieurs cas sont cités, dont l’affaire très médiatisée de Priscilla Majani. Mais la rapporteuse insiste surtout sur le fait qu’il s’agit de “préoccupations généralisées”:

Nous souhaitons attirer l’attention du Gouvernement de votre Excellence sur les informations que nous avons reçues concernant les enfants de Mme Priscilla Majani, Mme Hanna Dam-Stokholm et Mme Sophie Abida, qui ont été placés par décision de justice sous la garde de leurs pères respectifs, malgré des allégations d’abus sexuels et de violences incestueuses de leur part; et le traitement apparemment discriminatoire et les violences infligées à leurs mères, pour avoir tenté de protéger leurs enfants d’une telle prédation sexuelle.

Nos inquiétudes sont renforcées par les informations que nous avons reçues selon lesquelles il ne s’agit pas de cas isolés, mais qu’ils reflètent des préoccupations généralisées concernant le traitement des enfants et de leurs mères, au mépris des principes de précaution et de l’intérêt supérieur des enfants

Punies pour avoir protégé leurs enfants

Pour rappel, Priscilla Majani est la maman de la jeune Camille qui s’était plainte à l’âge de 5 ans de violences sexuelles commises par son père. La mère avait pris la fuite avec sa fille, lorsque les autorités judiciaires avaient refusé de mener l’enquête et d’entamer des poursuites à l’encontre du père prédateur. Réfugiée en Suisse où elle a pu protéger et élever Camille pendant plusieurs années, Majani avait finalement été condamnée par contumace, avant d’être arrêtée et extradée vers la France. On l’a alors incarcérée pendant près de trois ans pour “enlèvement et non-présentation d’un enfant”.

Sa fille Camille, victime des abus, avait pourtant toujours maintenu les accusations d’inceste envers son père, malgré les pressions subies pour retirer ses déclarations. Elle avait aussi approuvé et encouragé les actes de sa mère dans ses efforts pour la protéger, affirmant que leur départ avait été “le plus beau jour de sa vie” et que grâce à sa mère, elle avait pu s’épanouir en toute sécurité.  Priscilla Majani a été libérée fin décembre 2023, au terme d’un long combat qui lui a valu le soutien et l’admiration populaire, notamment avec la campagne “Moi aussi, j’aurais fait comme elle”.

Dans sa missive à l’Ambassadeur, la rapporteuse de l’ONU s’est plainte des lourds dysfonctionnements de la justice française :

Mme Majani est victime de détention arbitraire au regard des règles du droit international dans la mesure où elle aurait été condamnée pour le fait d’avoir exercé son droit – et son devoir au regard de la loi française – de protéger sa fille.

Ni Mme Majani, ni sa fille n’auraient bénéficié du droit à la sécurité. La dénonciation légitime des abus sexuels commis sur l’enfant ont conduit à une absence de protection de la part de la justice. Au contraire, cette dénonciation a mené à la poursuite de la mère – qui aurait été pendant des années la seule protection sur laquelle l’enfant pouvait compter –  à la violation de ses droits fondamentaux et finalement à sa condamnation, son arrestation et son emprisonnement.

L’affaire Majani est sans doute l’un des exemples les plus criants de la manière dont les mères et les enfants victimes de la pédocriminalité sont harcelés et cloués au pilori par un système judiciaire qui semble ici en faillite. Malgré cet exemple terrifiant, de nombreuses autres femmes “désenfantées” prennent aujourd’hui la parole. Elles s’appellent Gladys, Dalila, Gabrielle ou Sabrina et bien d’autres noms, toutes ces mères qui prennent des risques pour dénoncer une justice à l’envers, où l’on retire l’enfant au parent alerteur pour le confier à des adultes prédateurs.

Impunité pour les pédocriminels

Un autre document qui a retenu l’attention des experts de l’ONU est le rapport des travaux de la Commission indépendante sur l’inceste et les abus sexuels sur mineurs (CIVIISE).  Après trois années d’enquête, durant lesquelles la Commission a entendu plus de 30 000 victimes, le rapport final “Violences sexuelles faites aux enfants: on vous croit” a mis en cause le fonctionnement même de la justice. Ses conclusions étaient si révélatrices des dysfonctionnements de la justice que le président de la Commission, le magistrat Édouard Durand, a été limogé au lendemain de la publication du rapport. Invité sur le plateau de RMC pour s’expliquer sur cette éviction, le juge Durand a fait comprendre l’ampleur du problème en une seule phrase:

Je pense que quand on a 160 000 enfants qui sont victimes de violences sexuelles chaque année et un nombre de condamnations qui est proche de zéro, on est dans un système d’impunité!

Lors d’une présentation du rapport de la CIVIISE à Grenoble, il s’était exprimé tout aussi franchement devant la presse:

À l’instant même où un enfant dit à sa mère que papa lui fait des choses qu’il n’aime pas, ces mères se trouvent piégées. Soit elles ne font rien et on les accuse de complicité. Soit elles veulent protéger leur enfant et on les accuse de manipulation. Nous devons choisir notre camp. Qui voulons-nous protéger ? Si ce sont les enfants, n’attendons pas qu’ils aient 40 ou 50 ans pour leur dire “nous aurions dû vous protéger.”

Des chiffres qui crient

Dans son introduction le rapport de la CIVIISE assène encore d’autres chiffres effarants: 5,4 millions de femmes et d’hommes adultes ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance; l’impunité des agresseurs et l’absence de soutien social donné aux victimes coûtent 9,7 milliards d’euros chaque année en dépenses publiques. Les deux tiers de ces coûts faramineux résultent des conséquences à long terme sur la santé des victimes, affirment les auteurs pour qui “La réalité c’est d’abord le présent perpétuel de la souffrance”.

Face à de tels constats, les experts de l’ONU ont rappelé qu’en France comme ailleurs, la parole de l’enfant est primordiale et qu’elle doit être recherchée et respectée.

Son intérêt supérieur doit être la considération première avant que les décisions de garde ne soient prises en faveur de l’un des parents,

ont-ils encore déclaré dans les recommandations de leur communiqué.

En d’autres termes il s’agit ici d’une véritable “exhortation” à respecter le principe de précaution, en particulier pendant les procédures judiciaires.

Derniers chiffres de la honte: la France est le troisième hébergeur de pornographie infantile au monde, et, selon le Centre canadien de protection de l’enfance, près de la moitié du matériel pédopornographique mondial est hébergé physiquement et téléchargé à l’aide des services de télécommunications français “Free”, qui appartiennent majoritairement au milliardaire Xavier Niel.

Pour aller plus loin:

Le M.A.P.I.F : Mouvement d’Abolition de la Pédocriminalité Institutionnalisée en France a une chaîne YouTube avec des témoignages de mamans désenfantées et propose aux parents en détresse un soutien pour organiser les saisines de l’ONU.

Le livre de maître Edouard Durand “Défendre les enfants: La mission d’un juge”

reportage ARTE: “Inceste le cauchemar des mères”

Interview de Dalila Sadok “Mes enfants otages d’un réseau pédocriminel”: 

Extraits marquants en 5 minutes sur le compte de Zoé Sagan

Interview complète sur géopolitique profonde