L’Ordre des médecins a prononcé le 10 septembre, à l’encontre du Pr Henri Joyeux, une interdiction d’exercer la médecine durant deux ans dès 2024 [1]. Cette décision se fonde sur les critiques émises par le célèbre chirurgien cancérologue, né en 1945, contre la multiplication des vaccins obligatoires pour les petits enfants durant la période 2024-2019. Alors que ces critiques étaient jugées pertinentes par le Conseil d’Etat en 2017.

Mais le professeur s’est aussi fait mal voir par les pontes de la santé pour ses positions en faveur de l’alimentation naturelle et de l’utilisation de plantes comme l’artemisia contre la maladie de Lyme et certains cancers. Et surtout, ses propos contre les mesures anti-Covid dès 2020 ont renforcé l’étiquette “médecin controversé” qui a pu indirectement peser dans cette sanction.

Certains parlent déjà d’une mobilisation de soutien à cette «forte-tête», autrefois très respectée en France. L’enjeu est de préserver le droit de critiquer librement des politiques sanitaires liées aux labos pharmaceutiques.

Unanime, l’ensemble de la presse française a titré à peu près de la même façon que Le Monde:

Ci-dessous, nous publions de larges extraits de la réaction de Rodolphe Bacquet, rédacteur en chef de la revue Alternatif bien-être, qui suit depuis longtemps le parcours de ce professeur pas ordinaire.

Par Rodolphe Bacquet

Le Pr Henri Joyeux, personnalité poil-à-gratter du milieu politico-sanitaire français pour son franc-parler, était dans la ligne de mire de l’Ordre des médecins depuis plusieurs années. Mais la raison pour laquelle cette décision tombe maintenant est lourde de sens. Il est sanctionné pour avoir eu raison avant tout le monde !

Pétition en 2014-15 contre le remplacement du triple vaccin DTP

L’AFP et la presse française insistent sur ses «positions infondées sur le plan médical». Les journalistes font allusion aux pétitions lancées par le Pr Joyeux en 2014 et 2015 contre les pratiques vaccinales enfantines, et notamment le remplacement du vaccin DTPolio trivalent (trois-en-un) obligatoire, par un vaccin hexavalent (six-en-un).

A l’époque seuls trois vaccins étaient obligatoires en France : diphtérie, tétanos et polio. Mais les médecins ne pouvaient plus les administrer qu’en les associant à trois autres vaccins… parce que le «trivalent» n’était plus disponible !

Le Conseil d’Etat lui donne raison en 2017

Personne ne sait si les labos pharmaceutiques avaient «organisé» cette pénurie ou non. Toujours est-il que le Pr Joyeux demandait un simple retour à la loi. Ce qu’omettent de dire l’Ordre des médecins et les journaux, c’est que le Conseil d’Etat, en février 2017, avait donné pleinement raison à Henri Joyeux.

Le Conseil d’Etat reconnaissait en effet que «depuis plusieurs années, aucun vaccin correspondant aux seules obligations légales de vaccination des enfants de moins de dix-huit mois, prévues par les articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique, n’est commercialisé en France. Ainsi qu’il résulte des informations mises à disposition du public par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, et comme le reconnaît le ministre, le  » kit spécifique  » comportant ces seules trois vaccinations obligatoires.[2] »

Non seulement le professeur avait raison… mais il avait gagné. Jusqu’à un événement politique, inimaginable quelques mois encore auparavant : l’élection d’Emmanuel Macron.

2017: un coup d’Etat pharmaceutique?

En 2017, quelques semaines après l’arrivée du nouveau président, son premier ministre Edouard Philippe annonçait son intention de rendre obligatoires 11 vaccins, et non plus 3, pour nos enfants. C’était un déni de démocratie, un «coup d’état» pharmaceutique qui contournait le décision prise par le Conseil d’État cinq mois plus tôt.

À qui profitait cette décision ? Je rappelle qu’à l’époque, le Pr Alain Fischer (déjà lui !) était président du Conseil de vaccination, et Agnès Buzyn, ministre de la santé. Or :

  • le Pr Alain Fischer, Président du Comité de Vaccination, était déjà en lien étroit avec le laboratoire Sanofi dont il avait reçu en 2013 le Prix “Sanofi-Pasteur”;
  • Agnès Buzyn, ministre de la Santé, avait reconnu dans le journal Le Parisien que « les industriels allaient gagner de l’argent avec cette mesure ». On parle de 110 à 120 millions €/an ;
  • Elle était au Conseil d’Administration de deux laboratoires très impliqués dans les vaccins, Novartis et Bristol-Meyers Squibb, de 2009 à 2011 ;
  • Emmanuel Macron lui-même avait publiquement bénéficié de l’intense soutien pour sa campagne de Serge Weinberg, président de Sanofi, principal producteur français de vaccins !

En octobre 2017, le passage de 3 à 11 vaccins obligatoires était voté à l’Assemblée nationale[3]. La victoire légale et démocratique du Pr Joyeux avait duré 8 mois… sans qu’elle soit mise en œuvre.

Un acte de révisionnisme

J’ai l’impression que tout le monde a oublié cette histoire… Ça ne m’étonne pas : ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire. Aujourd’hui, non contents d’avoir contourné la décision du Conseil d’État en 2017, les représentants de l’ordre politico-pharmaceutique ont décidé de faire payer à Henri Joyeux sa victoire de 2017.

Comprenez bien ce qu’il se passe : il s’agit de convaincre l’opinion publique, les Français, que l’encombrant professeur avait eu tort.

Avant que le Conseil d’État ne donne raison à ce dernier, le Conseil de l’Ordre avait déjà essayé de radier Henri Joyeux pour deux ans… mais cette sanction avait été ensuite annulée par la chambre disciplinaire, indépendante du Conseil de l’Ordre.

Comme l’explique Le Monde, «L’affaire était remontée jusqu’au Conseil d’Etat qui a cassé en 2019 la décision de la chambre disciplinaire, ouvrant la voie à une nouvelle procédure. C’est à l’issue de celle-ci que la chambre, cette fois, a bien radié Henri Joyeux.[4]»

Autrement dit, le Pr Joyeux est gravement sanctionné, en 2023, pour avoir eu raison de 2014 à 2017. C’est du révisionnisme, ni plus ni moins.

Peut-on encore s’opposer impunément aux politiques médico-pharmaceutiques?

Je suis inquiet pour l’avenir de la santé dans notre pays. Non seulement il ne paraît plus possible de s’opposer aux politiques médico-pharmaceutiques de notre gouvernement sans être inquiété et poursuivi, mais même ceux qui s’y sont opposés par le passé, et ont obtenu gain de cause, sont impitoyablement harcelés et agressés.

Le Pr Joyeux est victime de ce système. Sa sanction a été de toute évidence prononcée pour dissuader les futurs discours libres et discordants.

Nous devons donc défendre le Professeur Henri Joyeux. Et pour cela nous devons en appeler à la justice dans notre pays. C’est l’avenir de votre santé dans un pays libre qui est en jeu.

Rodolphe Bacquet

 

«Du haut de ses 78 ans, le Pr Henri Joyeux ne semble pas touché le moins du monde par cette décision : “Je suis content de ne pas avoir été radié, car je n’aurais plus eu le droit de faire des ordonnances. Mais comme je n’exerce plus, cela ne change rien à ma vie, je reste joyeux !”

Et de répéter, à qui veut bien l’entendre : “Je ne suis pas contre les vaccins, je suis contre l’abus et pour la liberté d’expression. C’est une chasse aux sorcières, mais si cela leur fait plaisir…” Sa page Facebook affiche toujours : “OUI aux VACCINS, NON aux 11 VACCINATIONS dès la 6ᵉ semaine de vie.»

 

Sources

[1] LeMonde.fr, «Le professeur Henri Joyeux est interdit d’exercer la médecine à la suite de déclarations fallacieuses contre certains vaccins », 11 septembre 2023: https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/09/11/le-professeur-henri-joyeux-est-interdit-d-exercer-la-medecine-a-la-suite-de-declarations-fallacieuses-contre-certains-vaccins_6188858_1650684.html

[2] https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000034056265#:~:text=la%20vaccination%20antit%C3%A9tanique%20%22.-,Aux%20termes%20de%20l’article%20L.,Conseil%20de%20la%20sant%C3%A9%20publique.

[3] https://www.lemonde.fr/sante/article/2017/10/27/l-assemblee-nationale-vote-le-passage-de-3-a-11-vaccins-obligatoires_5207043_1651302.html#:~:text=Huit%20autres%2C%20aujourd’hui%20seulement,d%C3%A9bats%20ont%20parfois%20%C3%A9t%C3%A9%20vifs.

[4] Le Monde, art. cit.