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La prochaine crise de l’eau se fabrique-t-elle au WEF?

Le Forum économique mondial (WEF) appuie la création d'une Commission globale sur l'eau chargée de préparer ce qui devrait être une prochaine crise planétaire.

Mariana Mazzucato au WEF 2022
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Le problème de l’eau agite les décideurs du Forum économique mondial (WEF) . S’il en fallait la preuve, écoutons la professeure d’économie italo-anglo-américaine Mariana Mazzucato :

Notre tentative de faire vacciner la planète entière a échoué, le changement climatique est trop abstrait pour que les gens le comprennent, mais la crise de l’eau à venir est une chose à laquelle tout le monde s’associera.

Cette dame, considérée comme “l’une des économistes les plus influentes du monde… en mission pour sauver le capitalisme de lui-même”, selon le magazine économique Quartz, s’exprimait ainsi lors d’une conférence de presse organisée pour le lancement de la Commission globale sur l’eau à l’édition 2022 du WEF. Qu’a-t-elle voulu dire exactement ? Décryptage.

Hypocrisie dénoncée

Pour rappel, voici ce que dit le WEF de lui-même :

Le Forum économique mondial est l’organisation internationale pour la coopération public-privé. Le Forum engage les plus grands leaders politiques, économiques, culturels et autres de la société à façonner les agendas mondiaux, régionaux et industriels. Nous pensons que le progrès est possible en réunissant des personnes de tous horizons qui ont la volonté et l’influence nécessaires pour apporter des changements positifs.

La journaliste italienne Raffaela Regoli est l’auteure d’un sujet édifiant sur les coulisses du même WEF 2022 lors duquel s’est créée la Commission globale sur l’eau.

On y voit que derrière un discours voulant sauver la planète se cache un ballet de jets privés, d’hélicoptères et de limousines dont on laisse le moteur allumé pour le chauffage intérieur :

 

L’eau et le football

Si l’on en croit Mme Mazzucato, l’objectif durant la crise Covid n’était pas de vaincre l’épidémie, mais de “vacciner toute la planète”.

Le défi de la prochaine “crise”, l’économiste le voit d’abord au niveau de la communication. Il s’agira de bien cibler celle-ci:

Tous les enfants savent qu’il est important d’avoir de l’eau. Quand vous jouez au football et que vous avez soif, vous avez besoin d’eau.

La conférence de presse ne s’intitulait pas pour rien: “initiative majeure de deux ans visant à transformer l’économie de l’eau”.

En 2024, un groupe de travail devrait ainsi sortir un rapport et un plan d’action qui “remodèleront la façon dont nous parlons de l’eau, dont nous la valorisons et dont nous la gérons pour le reste du 21e siècle”.

Le projet s’autoproclame pompeusement “Commission mondiale”. Avec quelle légitimité démocratique? Personne ne le dit.

Privatisation de l’eau ?

La Commission globale sur l’eau a déjà publié en 2023 deux documents donnant les lignes directrices des orientations des solutions proposées, un canevas en sept points. Il s’agit avant tout de solutions centralisées et monétisées, au détriment d’acteurs importants comme les agriculteurs et la gestion autonome de l’eau.

Il est notamment souhaité que le cycle de l’eau soit “protégé de manière collective” et que sa gestion ne soit plus “fragmentée” comme aujourd’hui. Ceci impliquera forcément de nouvelles législations et un contrôle centralisé, probablement au niveau mondial, ce que permettrait au passage l’adoption des réformes de l’OMS prévues elles aussi pour 2024, incluant les crises “climatiques”.

La commission demande aussi que l’on cesse de “sous-évaluer le prix de l’eau”. Elle ne précise pas si elle entend y parvenir par une privatisation, une méthode qui a pourtant déjà démontré ses risques dans le passé : dans certains pays, des ménages, ne pouvant plus régler leurs factures d’eau, se sont vus couper leur approvisionnement. Un documentaire d’ARTE de 2018, décrit dans un article du Monde, pointait déjà ces travers risqués de la marchandisation de l’eau (voir références en fin d’article).

Petits agriculteurs en danger

Une autre demande de la Commission est de “supprimer progressivement les quelque 700 milliards de dollars de subventions accordées chaque année à l’agriculture et à l’eau, qui tendent à générer une consommation d’eau excessive et d’autres pratiques nuisibles à l’environnement”.

La théorie économique classique indique pourtant que cette mesure est à même de favoriser les grands groupes et une forme d’agriculture qui désertifie les sols. Au détriment des petites exploitations, importantes pour la biodiversité, la recherche de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et l’autonomie alimentaire des populations.

Une société dystopique ?

La deuxième partie du rapport analyse l’état de la “science” sur la gestion de l’eau et préconise de “considérer l’eau comme un principe d’organisation à relier aux Objectifs de Développement Durable (ODD), à l’action climatique et à la conservation de la biodiversité”.

De toute évidence, cette initiative est partie intégrante du controversé Agenda 2030, poussé également par le WEF.

Certains lanceurs d’alerte, comme Vandana Shiva, craignent que cet agenda amène une perte de souveraineté et un contrôle centralisé par les riches auquel seraient soumis tous les peuples :

Je suis pour la mise en commun des graines, de la nourriture, de la santé, mais, quand Schwab dit que nous ne posséderons plus rien à l’horizon 2030, il ne parle pas de biens communs : il veut dire qu’ils possèderont tout. S’il y a un moment où l’Humanité doit se réveiller, c’est maintenant !

La crise de l’eau pourrait pourtant être évitée

Le magazine Nexus a consacré en 2022 un dossier spécial à une hypothèse qui, si elle s’avère vraie, pourrait éviter toute crise de l’eau : la plupart de l’eau pure des sources que l’on connaît serait fabriquée naturellement grâce aux hautes pressions dans la croûte terrestre qui feraient fusionner les atomes d’hydrogène et d’oxygène.

Cette eau dite “primaire” – “primary water” en anglais – remonterait ensuite à la surface grâce aux failles et aux fissures géologiques, ce qui permettrait de trouver d’énormes quantités d’eau pure en abondance même dans des zones arides. Il suffit de savoir forer au bon endroit.

Bien qu’évoquée “depuis le début du XXe siècle” selon Nexus,  cette théorie a été développée et testée depuis les années cinquante par un scientifique aujourd’hui disparu, un ancien ingénieur des mines originaire de Bavière, Stephan Riess, très vite mis en marge par la pensée majoritaire.

De son vivant, il a pourtant foré avec succès une soixante-dizaine de puits, dont de nombreux dans des endroits où l’accumulation de telles quantités d’eau et sa qualité ne pouvaient pas être expliquées par le modèle standard du cycle de l’eau basé sur la pluviométrie.

Un intérêt planétaire

Un institut, le Primary Water Institute, a été créé aux États-Unis pour étudier la question et rassembler les éléments concluants permettant de mieux exploiter cette ressource.

Ces connaissances ont été jusqu’à présent boudées par l’industrie et le monde politique. Pal Pauer, Primary Water Institute :

Il est difficile de faire comprendre à de nombreuses personnes aux États-Unis que la Terre produit de l’eau. Nous pourrions y accéder et résoudre nos problèmes. Des sources d’eau propres et pratiquement infinies se trouvent juste sous nos pieds.

En France aussi l’eau primaire intéresse. Un site dédié, eauprimaire.com, présente plusieurs exemples de lieux qui seraient alimentés par de l’eau primaire. Notamment le lac de Guiche dans le Pays Basque, né de l’exploitation d’une carrière en 1992 et dont la pureté de l’eau est exceptionnelle. Un ancien employé de la carrière de Guiche :

En creusant, de l’eau a jailli. Ça les a embêtés car cela empêchait l’exploitation de la carrière. Mais à un moment donné il fallait se rendre à l’évidence: le débit de l’eau était si fort que c’était illusoire d’espérer pouvoir s’en débarrasser. L’eau a continué de jaillir et a rempli l’excavation en un an.

Il est possible que de nombreux puits et sources soient alimentés par de l’eau primaire issue de la croûte terrestre.. à l’insu de leurs exploitants.

La Terre ne serait potentiellement pas la seule à produire de l’eau puisque sur Pluton ont été découvertes des montagnes de glace dont l’origine semble ne pas être exogène, selon un article de CNN de 2015.

L’eau-mère, une des solutions de demain pour ne pas manquer d’eau ?

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