La légende de zéro mort des vaccins Covid en Suisse

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Swissmedic réfute les 19 morts après vaccination Covid des statistiques officielles suisses, nous apprend Le Matin. Covidhub a voulu savoir pourquoi la Suisse serait une exception.

Le quotidien suisse en ligne Le Matin rapporte que Swissmedic, l’organe qui délivre les autorisations de mise sur le marché des médicaments, conteste les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, qui annonce 19 morts des suites des vaccinations Covid.

Le phénomène des décès après une vaccination Covid, qui concerne de manière officiellement recensée des dizaines de milliers de personnes dans le monde, épargnerait-il miraculeusement la Suisse? Nous avons posé la question à Swissmedic.

L’Office fédéral de la statistique (OFS) a publié mi-avril 2023 les statistiques des deux années précédentes concernant la pandémie. Le média en ligne suisse Le Matin en a rendu compte dans un article intitulé “Près de 6000 décès imputés au Covid-19 en 2021“. L’article annonçait alors également que l’OFS avait recensé 19 morts en lien avec les vaccins Covid.

Entre 6000 décès “imputés” au virus et 19 morts consécutifs aux vaccins, il n’y a pas photo : le virus semble terriblement plus mortel que les vaccins Covid. Pourtant, la méthode de décompte est complètement inversée dans les deux situations, ce qui ne permet pas de comparer ces deux chiffres.

Généreux décompte des morts “liés” au Covid

Dans le cas des victimes présumées du virus, seul un test positif suffit à les classer dans cette catégorie, peu importe qu’elles aient de graves comorbidités ou qu’elles soient tout simplement sans aucun symptôme.

En mars 2020 déjà, l’Italie avait analysé en détail ses 2000 premiers décès Covid pour trouver que 88% d’entre eux n’étaient pas dus au virus mais à d’autres causes, ce qui aurait dû faire baisser le nombre de morts Covid de 11 500 à 1400, soit presque 10 fois moins. Le même exercice a été réalisé en automne 2021. Résultat: seuls 3% des décès étaient dus exclusivement au SARS-CoV-2. En 2022, c’était au tour de l’Angleterre de sortir ses chiffres: 17 371 décès étaient imputables au virus, alors que le nombre officiel de décès, qui se base uniquement sur un test positif était de 155 000.

Cette méthode très généreuse de compter un mort Covid a été “uniformisée” au niveau mondial par l’OMS et n’a jamais été changée.

Le Conseiller fédéral suisse Ignazzio Cassis a fait l’objet d’une controverse à ce propos, notamment pour avoir déclaré à la télévision qu’il trouvait “normal que quelqu’un qui meurt dans un accident de voiture et qui est positif au Covid soit un mort Covid”.

Le club très sélect des morts des vaccins Covid

Si, parmi les décès recensés, le seul fait d’avoir été vacciné du Covid avait été retenu comme critère, le total des victimes des vaccins aurait dépassé de loin les 6000 décès du virus annoncés.

Dans ce cas pourtant, les comorbidités usuelles prévalent sur le fait d’être vacciné et seul un véritable parcours du combattant a permis dans quelques cas, après une autopsie, de conclure que certains décès étaient effectivement dus aux vaccins Covid.

La barre pour accéder à la catégorie des décès dus aux vaccins Covid a été placée extrêmement haute, alors que les vérifications pour s’assurer que le virus a tué sont presque inexistantes.

Décès non élucidés en augmentation

Le nombre de morts subites augmente dans de nombreux pays, notamment en Allemagne où le thème est actuellement débattu au Parlement, suite à la demande de son vice-président.

Légalement, une autopsie ou une expertise médico-légale est obligatoire en cas de mort suspecte. Une obligation qui n’est plus respectée selon plusieurs politiciens et policiers suisses, qui ont lancé l’alerte dans nos colonnes.

“Avant 2020, une moyenne de 150 autopsies étaient pratiquées chaque année dans le canton. En 2022 il y en a eu 3, ce qui est anormalement bas et inexplicable alors que les morts indéterminées sont, elles, plus nombreuses que jamais.” Ivan Thévoz et Suzanne Aebischer, députés suisses (Fribourg)

Donc oui, c’est un fait, actuellement il y a officiellement extrêmement peu de décès reconnus comme étant consécutifs aux vaccins Covid. La raison pourrait cependant ne pas être l’innocuité de ces produits mais plutôt le manque de motivation pour faire la lumière sur les causes de morts suspectes.

Bien qu’un lien de cause à effet soit difficile à établir au cas par cas, de manière globale le nombre total de décès associés aux vaccins Covid-19, dans le système de pharmacovigilance américain recensant les effets secondaires, indiquait 26 396 morts en avril 2022, soit près du triple des 9 619 décès associés à tous les autres vaccins combinés au cours des 32 dernières années (voir notre article à ce sujet).

Swissmedic se défend

Contacté, Swissmedic a bien voulu répondre à nos interrogations. Malgré leur apparent déni de toute mortalité liée aux vaccins Covid, leur position reste plus nuancée.

Selon Lukas Jaggi, porte-parole de l’institution: “on ne peut médicalement pas complètement exclure qu’une vaccination a joué un rôle dans des cas particuliers”. Concernant les 19 cas annoncés par l’OFS, il relève qu’il “existe des différences méthodologiques dans la saisie des dates de Swissmedic et de l’Office fédéral de la statistique”.

Différences méthodologiques

L’OFS répertorie les informations des certificats de décès établis sur place par un médecin (d’urgence) alors que Swissmedic travaille sur la base du système de phamacovigilance mis en place avec les hôpitaux universitaires.

Ce système repose sur les annonces des utilisateurs (corps médical ou patients), qui sont ensuite examinées par des experts, en se basant sur les documents disponibles (rapports médicaux de sortie, dossier médical, données de laboratoire, rapports d’autopsie si disponibles). Ceci peut expliquer des évaluations différentes des mêmes dossiers.

Malgré une corrélation temporelle avec la vaccination – qu’ils admettent – les experts consultés par Swissmedic ont estimé que “d’autres causes possibles ou plus probables pourraient expliquer les événements”.

Lukas Jaggi ajoute que Swissmedic ne peut pas “commenter les chiffres provenant de l’étranger en détail”.

Interpellé sur la différence méthodologique entre la manière de compter les décès liés au virus et ceux liés aux vaccins, l’institut semi-privé déclare ne pas avoir “d’informations sur la collecte de données concernant le nombre de décès dus aux infections”.

Conflits d’intérêts cadrés

En 2011, l’émission suisse Temps Présent avait relevé l’existence de conflits d’intérêts parmi les experts de Swissmedic. L’enquête évoquait notamment un flou réglementaire concernant la possession d’actions de sociétés pharmaceutiques cotées en bourse. Interrogé à ce sujet, Lukas Jaggi indique que “depuis le 1er janvier 2012, Swissmedic publie les liens d’intérêts de ses experts externes” (voir en fin d’article). “Le système de gestion de la conformité établi par Swissmedic a été examiné par la Contrôle fédéral des finances (CDF) fin 2020,” ajoute-t-il.

Des préoccupations semblent pourtant subsister, comme en témoigne l’interpellation parlementaire du Conseiller national Thomas Hardegger. En 2019, ce dernier s’interrogeait sur les  “garanties d’indépendance des experts qui conseillent Swissmedic”. La réponse du Conseil fédéral liste les garde-fous mis en place, prévoyant des motifs de récusation des experts.

Swissmedic étant un institut indépendant, il est très difficile d’évaluer si ces critères sont toujours respectés.

En conclusion

La Suisse est-elle un îlot épargné par les effets indésirables fatals des injections Covid?

L’absence officielle de morts liés aux vaccins Covid est plus probablement à mettre sur le compte d’une pharmacovigilance passive et lacunaire à laquelle échappent environ 95 % des effets indésirables, ainsi qu’à la difficulté du corps médical pour faire le lien entre une mort suspecte et un vaccin, même en cas de corrélation temporelle forte.

“Last but not least”, la surprenante absence d’autopsies depuis le début des vaccinations Covid concourt également à “rater” nombre de ces cas.

Mis à part un zèle tout particulier pour défendre les produits thérapeutiques que ses experts ont autorisés – parfois peut-être de manière illégale, comme l’a relevé l’avocat suisse Philipp Kruse – Swissmedic n’est peut-être pas à blâmer ici. L’organisme travaille avec les outils et données à sa disposition. Or, ces derniers ne sont pas d’une extrême robustesse et peinent à répondre aux interrogations de plus en plus nombreuses au sujet des effets indésirables de la vaccination Covid.

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